Mardi 25 avril 2017.

Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle, est l’invitée de l’émission spéciale “Elysée 2017” diffusée sur TF1 et LCI. Elle y répond aux questions d’Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau, animateurs de bon nombre de JT sur TF1.

Abordant la question du pouvoir d’achat, Gilles Bouleau, soucieux de contribuer à la diabolisation du programme de la candidate, décide de s’appuyer sur les chiffres publiés par les instituts officiels de statistiques.

“Vous dites que l’euro a fait exploser les prix et appauvri la France, mais les chiffres, tous les chiffres – l’INSEE, Eurostat – disent le contraire. Depuis 2002, mise en place de l’euro dans le portefeuille des français, les salaires ont augmenté en France plus vite que les prix. Que répondez-vous à cet argument que personne, aucun économiste ne conteste ?”

“Vous dites que l’euro a fait exploser les prix, mais les chiffres de l’INSEE et d’Eurostat disent le contraire. Que répondez-vous à cet argument que personne ne conteste ?”

Alors que Marine Le Pen débute sa réponse en affirmant que tous les français ont constaté une explosion des prix, Anne-Claire en rajoute une couche et se hâte de l’interrompre immédiatement en lui objectant “ce n’est pas ce que les chiffres disent.”

Marine Le Pen développera sa réponse en ajoutant que “tous ceux qui nous regardent ont bien vu que les prix de la consommation courante ont explosé”. Entre-temps, on aura assisté à une passe d’armes aigre-douce entre Marine Le Pen et Anne-Claire Coudray au sujet de la véracité des chiffres officiels.

Parfait, Gilles Bouleau a bien fait son travail de bien-pensance : il s’est attaché avec application à démontrer le mensonge de la candidate en s’appuyant sur les chiffres officiels. Des chiffres que PERSONNE, évidemment, ne conteste. PERSONNE.

Sauf que…

Sauf que Gilles bouleau a la mémoire courte. Très courte. Très très très courte même. Visiblement, elle ne dépasse pas un mois.

Pourtant, même pas un mois avant, Gilles Bouleau consacre un sujet à l’inflation et au pouvoir d’achat…

Car le sujet de l’inflation et du pouvoir d’achat est pourtant une question qui intéresse bigrement le journaliste. La preuve : il y avait consacré un sujet lors du JT de TF1 le 30 mars 2017, soit même pas un mois avant l’émission “Elysée 2017”. Un sujet dont le thème précis était : “De nombreux français ont l’impression que leur pouvoir d’achat s’est érodé. Est-ce vrai ou juste une impression ?”

A l’issue d’un reportage, Gilles Bouleau laissait ce jour-là la parole à son collègue François-Xavier Pietri, qui présentait une infographie dont les commentaires laissent rêveurs quand on les réécoute 26 jours plus tard

Que dit François-Xavier Pietri ?

“Et bien Gilles, quand on regarde les chiffres officiels, tout va bien. L’inflation est plutôt calme, le pouvoir d’achat ne baisse plus. SAUF QUE dans le ressenti des français, c’est très différent, parce qu’il y a des dépenses contraintes obligatoires qui sont plutôt en hausse.

“Quand on regarde les chiffres officiels, tout va bien. Sauf que…”

Et François-Xavier Pietri de citer par exemple l’électricité (“on ne peut pas s’en passer bien sûr”) dont la facture est passée en 5 ans de 100€ à 112€. “Quand on multiplie les factures chaque année, ça fait beaucoup d’argent.”

Autre dépense obligée, le carburant, dont les prix “sont repartis à la hausse depuis un an”(+6,60€ pour un plein d’essence, +12€ pour un plein de diesel).

Et François-Xavier Pietri de terminer avec les impôts, l’autre dépense la plus contrainte : “Et là c’est le coup de bambou !”. Il cite la fiscalité locale, passée de 25 milliards € à 39 milliards € en 10 ans, et insiste sur l’impôt sur le revenu, qui “a augmenté de 50%, passant de 49 millards € à 75 milliards € entre 2007 et 2017.”

Donc quand on dit aux français hausse du pouvoir d’achat, ils ont du mal à y croire. Et il y a de bonnes raisons cela…

Voilà donc le journalisme façon Gilles Bouleau : quand il s’agit de faire de l’audimat, on n’hésite pas à caresser le spectateur dans le sens du poil. Par exemple en sous-entendant que les chiffres officiels ne reflètent pas la réalité du vécu quotidien des français, car bon nombre de dépenses obligatoires augmentent bien plus vite et bien plus fort. Bref, en disant en gros la même chose que la candidate Le Pen.

Mais quand on se retrouve face à la même candidate, on se dépêche de faire table rase du passé et de l’accuser de mensonge si elle ose remettre en cause des chiffres que PERSONNE ne conteste.

Une telle faculté d’amnésie, ça relève d’Alzheimer. Ou de la mauvaise foi avérée

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