Retour sur une petite annonce du gouvernement qui n’a semblé choquer personne, mais qui est pourtant sidérante.

Souvenez-vous, ça se passait le 2 octobre 2015.

Ce jour-là, un Comité Interministériel de la Sécurité Routière annonçait de nouvelles mesures destinées à protéger les usagers de la route dans leurs déplacements. La courbe de la mortalité routière était malheureusement repartie à la hausse en 2014, après douze années de baisse continue.

Parmi les mesures annoncées, une a été particulièrement discutée dans les médias. Celle qui vise à obliger les entreprises à dénoncer les conducteurs de véhicule de société qui commettent une infraction. Jusqu’à présent, lorsqu’une entreprise recevait un avis d’infraction (une amende pour excès de vitesse), elle devait s’acquitter de la contravention, mais n’était pas obligée de révéler l’identité du conducteur. Désormais c’est terminé.

Alors bien sûr, ça a rué dans les brancards, on a créé la polémique, on a eu droit à des interviews dans tous les sens, de gens pour, de gens contre, d’employés, de patrons, etc…

Que de bruit autour d’une mesure qui n’est somme toute qu’une mesure de bon sens ! Je ne vois pas pourquoi un conducteur aurait le droit de se réfugier derrière un quelconque anonymat pour échapper à la sanction. Si on commet une infraction, on assume quand on se fait pincer. Et puis ça évitera peut-être à certains employeurs de pousser à certains excès sous couvert de productivité.

Evidemment, on peut regretter l’esprit de “délation” qui sous-tend cette mesure. Nous sommes malheureusement rentrés dans une ère où nos gouvernants semblent favoriser les délations en tous genres. Délation routière, délation fiscale, etc… Pas sûr que ce soit vraiment compatible avec le “vivre-ensemble”, tout ça. Ça rappelle quand même des heures pas glorieuses de l’Histoire de France.

Et si, finalement, cette polémique médiatique avait surtout cherché à détourner l’attention des citoyens d’une autre mesure, bien plus choquante et bien plus liberticide ?

Car la vraie mesure annoncée lors de ce Comité Interministériel, c’est la mise en place de radars-leurres. C’est-à-dire des faux radars qui auront pour objectif de contraindre les automobilistes à lever le pied. Et on ne parle pas d’une poignée de leurres : 10.000 sur tout le territoire d’ici 2020 !

Cette mesure là est profondément scandaleuse et anti-démocratique. Qu’est-ce qu’un radar-leurre ? Ce sera soit un radar vide (qui ne flashera pas), soit un panneau d’avertissement qui sera installé mais ne précèdera pas de radar.

C’est-à-dire un mensonge.

“Le gouvernement institutionnalise le mensonge au coeur de la république”

Avec cette mesure, le gouvernement de Mr Valls institutionnalise le mensonge au cœur du fonctionnement de la République. Le gouvernement tout entier (c’était un Comité Interministériel) affirme haut et fort qu’il peut mentir aux citoyens pour atteindre les objectifs de sa politique.

C’est tout bonnement stupéfiant. Mais le plus stupéfiant, c’est que personne, absolument personne n’a réagi à ce piège ! Ni les élus, ni les journalistes,… ni le peuple !

Vous me direz, le mensonge, ce n’est pas nouveau. Le mensonge d’état, ça existe depuis longtemps. Sauf que jusqu’à présent, le mensonge d’état consistait à essayer de cacher une vérité encombrante. Ici, on ne cache rien, on claironne haut et fort qu’on va mentir !

Et le peuple mouton et docile va approuver sans broncher, puisque c’est pour son bien. “Mentez moi, mentez moi, mentez moi…”

Sauf que.

Sauf que maintenant Mr Valls a clairement annoncé que l’Etat allait officiellement utiliser le mensonge pour diriger le pays. Et donc, il faudra, à chacune de ses interventions, à chacun de ses propos, à chacune de ses décisions, se demander s’il s’agit d’un leurre.

Quand Monsieur Valls déclare : “Ceci est un vrai radar”. S’agit-il d’un leurre ?

Quand Monsieur Valls déclare : “J’aime les fonctionnaires”. S’agit-il d’un leurre ? (Rassurez-vous chers fonctionnaires, c’est pour votre bien…)

Quand Monsieur Valls déclare : “Nous devons aux français toute la vérité sur les attentats”. S’agit-il d’un leurre ?

Quand Monsieur Valls déclare : “L’Etat d’urgence est là pour protéger nos libertés”. S’agit-il d’un leurre ? (J’ai ma petite idée sur la question…)

Alors non, désolé, mais une action politique démocratique ne peut pas s’appuyer sur le mensonge. Et on ferait bien de tous se bouger pour exiger de nos représentants à l’Assemblée Nationale qu’il s’opposent à tout texte de loi qui oserait donner corps à cette mesure aberrante et totalitariste.

Parce que sinon, ce sera la première. Et après il y en aura d’autres. Et on peut en imaginer plein, des mesures fondées sur le mensonge, qui ont pour but de protéger nos (cons)citoyens.

Tiens, pourquoi pas des offres d’emploi leurres, par exemple ? De fausses offres d’emploi qui permettraient de démasquer les fraudeurs à l’assurance-chômage

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