[Exclusif] Assurance-Chômage : Pôle Emploi va diffuser de fausses offres d’emploi pour débusquer les tricheurs qui profitent du système

Le Premier Ministre vient d’annoncer la mise en place d’un dispositif révolutionnaire pour lutter contre la fraude aux allocations-chômage. Pôle Emploi va diffuser de fausses offres d’emploi pour vérifier si les chômeurs répondent effectivement aux offres d’emploi. Dans le collimateur : les demandeurs d’emploi qui ne font pas leur maximum pour retrouver un travail, et profitent des largesses de l’assurance-chômage.

Interview exclusive avec le Premier Ministre qui a bien voulu répondre à nos questions.

Monsieur le Premier Ministre, pouvez-vous nous expliquer comment est née cette idée d’offres d’emploi bidon ?

La genèse de cette initiative remonte au Comité Interministériel de la Sécurité Routière qui s’est tenu le 2 octobre 2015. Ce jour-là, nous avons annoncé – entre autres mesures – la mise en place de « radars leurres », c’est-à-dire de faux radars, destinés à faire peur aux automobilistes afin qu’ils roulent moins vite.

Cette mesure était risquée, et, avons-le entre nous, plutôt gonflée. C’était en effet institutionnaliser le mensonge au cœur du fonctionnement de l’Etat. Nous avons été sidérés par l’absence de réaction de la part de nos concitoyens qui n’y ont vu que du feu. Mais sans doute ont-ils cru que c’était pour leur bien.

Face à cette apathie du peuple, nous avons réuni un Conseil des Ministres extraordinaire dès le lendemain pour répondre à cette question : « dans quelle autre domaine pouvons-nous mettre en place des leurres pour résoudre les problèmes auxquelles toutes les politiques menées jusqu’à présent n’ont pas apporté de solution ? ».

La réponse est apparue de façon évidente : la lutte contre les abus dans le domaine de l’Assurance-Chômage ! Tout le monde sait que certaines personnes abusent des largesses du système, qui connaît un déficit chronique. Bon nombre de chômeurs indemnisés ne font pas leur maximum pour retrouver un travail. Ils attendent simplement que leur indemnité mensuelle leur tombe dans la poche, mais – pardonnez-moi l’expression – ils ne se bougent absolument pas les fesses pour sortir du chômage. Ces abus irritent à juste titre bon nombre de nos concitoyens : notamment ceux qui ont du travail, et qui cotisent pour financer des gens qui profitent du système. A ces gens-là, à ces profiteurs,  je dis : attention, ça a assez duré.

Concrètement, en quoi ce nouveau dispositif va-t-il changer les choses ?

Les règles de l’Assurance-Chômage sont claires : pour bénéficier de l’indemnisation de Pôle Emploi, les demandeurs d’emploi doivent prouver qu’ils sont effectivement en recherche active d’emploi. Etre en recherche active, ça veut notamment dire regarder tous les jours les offres d’emploi qui paraissent, y répondre, envoyer des CV,…

Le problème, c’est que jusqu’à présent, les agents de Pôle Emploi n’avaient que très peu de moyens pour vérifier si un demandeur d’emploi était vraiment actif dans sa recherche ! D’une part, nos agents sont déjà très occupés à accompagner psychologiquement des personnes fragilisées, à juste titre, par leur situation précaire. Ensuite, ils ne sont pas au courant des offres d’emploi qui sont publiées par les employeurs, car ces employeurs choisissent souvent d’autres canaux que Pôle Emploi pour diffuser leurs offres. Dernier point, et c’est sans doute le problème majeur : aucun agent de Pôle Emploi n’est vraiment en mesure de vérifier si un demandeur d’emploi recherche effectivement du travail ! Pour justifier de sa recherche d’emploi, un demandeur d’emploi doit fournir des preuves concrètes, notamment des lettres de motivation envoyées aux recruteurs. Mais comme beaucoup de recruteurs ne répondent même pas aux candidatures qu’ils reçoivent, les demandeurs d’emploi ne peuvent pas prouver qu’ils ont effectivement fait acte de candidature. On est donc coincé.

Nous savons que beaucoup d’allocataires de l’assurance-chômage fournissent des candidatures « bidon » à leur conseiller Pôle-Emploi, pour ne pas être radiés de la liste des demandeurs d’emploi. La seule manière pour nous de contrer ces fraudes, c’est de rentrer nous aussi dans le jeu du « bidon », pour lutter à armes égales contre ceux qui abusent du système !

En diffusant ses propres offres d’emploi, fictives bien sûr, Pôle Emploi pourra vraiment identifier si un demandeur d’emploi est effectivement en recherche active !

Pour reprendre vos propres termes, les demandeurs d’emploi sont déjà fragilisés par la précarité de leur situation. N’est-ce pas faire preuve de cynisme que de faire miroiter un emploi qui n’existe pas à un chômeur qui est vraiment en recherche d’un travail ?

De quel cynisme parlez-vous ? Le vrai cynisme, ce serait de supprimer le système d’assurance-chômage, et de laisser tous les sans-emploi sans aucune ressource ! Et c’est ce qui finira par arriver si nous ne changeons rien aux dispositifs actuels.

Soyons réalistes : le vrai chercheur d’emploi, il envoie déjà plusieurs candidatures tous les jours dans la nature. Des réponses à des offres, des candidatures spontanées, ou d’autres encore. Alors, vous savez, une de plus ou une de moins… La petite frustration supplémentaire qu’il pourrait ressentir n’est vraiment pas à la hauteur des enjeux.

A la réflexion, c’est votre question qui est cynique !

Concrètement, qui va être en charge de gérer la rédaction et la publication de ces offres d’emploi destinées à leurrer les fraudeurs ?

Excellente question ! Vous touchez du doigt un point très sensible, qui n’est pas encore définitivement tranché. Plusieurs pistes sont à l’étude.

Les gens de Pôle Emploi souhaiteraient avoir la main sur le dispositif pour assurer un contrôle plus efficace et plus rapide. Je comprends leurs arguments. Mais je crains que les agents de ce noble service public se retrouvent en porte-à-faux quand ils auront les demandeurs d’emploi en face d’eux. Je pense donc qu’il vaut mieux les laisser vierges de toute responsabilité dans ce domaine.

La seconde option serait de confier cette mission aux services du Ministère de l’Economie. Mais là, nous nous heurtons à un problème sérieux. Je m’explique : il faut que les offres d’emploi soient crédibles pour que les demandeurs d’emploi y répondent. Or le Ministère de l’Economie est complètement déconnecté des réalités du terrain. Ses hauts-fonctionnaires ne savent absolument pas quels sont les secteurs d’activité susceptibles de produire de l’emploi aujourd’hui, ni quels sont les secteurs qui embauchent. Alors je ne vous parle même pas de faire des prévisions sur l’avenir, à la vitesse où les choses bougent !

Reste la troisième option, sans doute la plus réaliste et – je ne le cache pas – celle qui a ma préférence : confier ces prestations au secteur privé. Nous pourrions sous-traiter la publication de fausses offres d’emploi à des cabinets spécialisés qui seraient rémunérés pour cela. Le seul risque, ce serait qu’un demandeur d’emploi qui découvrirait la supercherie intente un procès au prestataire, et que, par ricochet, ce prestataire se retourne contre l’Etat par voie judiciaire. C’est un risque que nous ne pouvons pas prendre. Il sera donc nécessaire d’aménager la loi pour que ces prestataires assument seuls la responsabilité et les conséquences de ces mensonges. N’oublions tout de même pas qu’ils auront été payés pour ça !

En conclusion, on sent dans l’enthousiasme de vos propos que cette mesure va changer beaucoup de choses !

Beaucoup plus que vous ne l’imaginez ! Car il y a un effet de levier phénoménal qui va nous aider à réduire les déficits, tout en faisant plonger de manière spectaculaire la courbe du chômage !

En démasquant les fraudeurs, nous pourrons les radier du système. Nous faisons d’une pierre deux coups : nous supprimons des chômeurs, et nous diminuons le montant des allocations à verser, donc les déficits.

Mais l’autre effet induit, c’est que cela crée de l’emploi. Les prestataires qui seront en charge de la rédaction des offres-leurres vont devoir embaucher pour réaliser ces prestations. Ce qui permettra à des demandeurs d’emploi de retrouver un travail !

Très sincèrement, nous nous demandons bien pourquoi nous n’y avons pas pensé plus tôt !

Rappel : cette interview est classée en Rubrique “C’est pas vrai”. Donc c’est pas vrai !

(mais ça pourrait bien être vrai…)

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