Le Hadj, le grand pèlerinage que chaque musulman est censé réaliser une fois dans sa vie, constitue l’un des 5 piliers de l’Islam.

La Mecque, située en Arabie Saoudite, accueille donc chaque année plus d’1 million de pèlerins. 2016 n’a pas failli à la tradition, avec une participation toujours très élevée malgré les catastrophes qui ont régulièrement endeuillé le pèlerinage avec la mort de plusieurs milliers de musulmans, notamment l’an dernier où plus de 2.400 fidèles ont péri dans une gigantesque bousculade. Prétexte pour entretenir et creuser la fracture au sein du monde musulman, entre chiites et sunnites.

Ainsi l’Iran, chiite, a-t-il accusé l’Arabie Saoudite, sunnite, d’incapacité à gérer les lieux saints, la traitant de “descendance maudite maléfique”. L’Iran interdit à ses ressortissants de se rendre à La Mecque.

Pour le grand mufti saoudien, les Iraniens ne sont pas des musulmans.

A cette virulente attaque, le grand mufti saoudien a répondu que les iraniens n’étaient pas des musulmans ! Cette guerre des mots, pour reprendre l’expression de Marc Fromager – Directeur National de l’ONG Aide à l’Eglise en détresse -, souligne l’antagonisme entre les deux pays qui veulent imposer leur autorité tant sur le plan politique que religieux. Ils sont d’ailleurs engagés, l’un et l’autre, dans les conflits régionaux : au Yémen pour l’Arabie Saoudite, en Syrie pour l’Iran.

Exacerbée se trouve donc cette haine millénaire, née de l’affrontement entre les partisans d’Ali, gendre de Mahomet, les chiites minoritaires au Moyen-Orient, et les sunnites qui s’étaient prononcés en faveur d’Abou Baker, compagnon du prophète. Et le Président Egyptien, devant cette situation, de constater que “la nation islamique se déchire, se désintègre”, et de prédire qu’elle s’en va à sa perte.

Les terroristes qui agissent au nom de l’Islam ne sont pas des musulmans

Condamnant les attentats perpétrés au nom de l’Islam, le Roi du Maroc Mohamed VI déclare que “les terroristes qui agissent au nom de l’Islam ne sont pas des musulmans” et qu’“ils sont condamnés à l’enfer pour toujours”. Cette affirmation va dans le sens de l’analyse faite en France, qui présente les assassins de Paris, de Nice et d’ailleurs, comme des non-musulmans, l’Islam – dit-on – réprouvant ces méthodes barbares.

Marc Fromager, dans son éditorial de novembre 2016, fait aussi référence à une conférence islamique qui s’est tenue récemment en Tchétchénie, et qui a regroupé autour du Grand Imam de la Mosquée Al-Azhar du Caire, 200 dignitaires religieux, oulémas et penseurs islamiques. Cette conférence a dressé une liste des mouvements authentiquement sunnites, de laquelle a été exclue le wahhabisme d’Arabie Saoudite. Les Saoudiens ne sont donc pas musulmans non plus !

Les Saoudiens ne sont pas musulmans non plus !

Réplique argumentée des Saoudiens : “Le Grand Imam d’Al-Azhar a longtemps été alcoolique” !!!

Et Marc Fromager de conclure : “La difficulté, c’est que le wahhabisme et sa vitrine salafiste sont aujourd’hui en pleine expansion, et l’on peut même parler de “wahhabisation” du monde musulman.”

Alors si ni les Iraniens, ni les Saoudiens, ni les Wahhabites ne sont musulmans, qui donc est vraiment musulman ?

Retranscription de la chronique de Bernard Hertzog diffusée début janvier 2017 sur Radio Jérico. Ancien professeur de lettres, ancien élu (maire, conseiller général, vice-président du Conseil Général de la Moselle), Bernard Hertzog assure chaque semaine une chronique baptisée “Une Bouffée d’Hertzog”, diffusée sur Radio Jérico.

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