A l’usine Smart de Hambach (Moselle), on a dévoilé le 15 décembre un nouveau concept auquel 90% des salariés ont adhéré : 39 heures de travail payées 37, soit le travail en Soldes

Forte des résultats d’un référendum interne sur le sujet en septembre (56% des salariés avaient voté pour), la Direction n’avait malheureusement (pour elle) pas réussi à obtenir l’accord des syndicats sur le sujet.

Qu’à cela ne tienne : le 10 décembre, tous les salariés ont reçu à titre individuel un avenant à leur contrat de travail. Son objet : revenir à 39h de travail hebdomadaires payées 37. Le deal était simple. Chacun était libre de signer ou pas. Mais la direction avait prévenu que si moins de 75% des salariés signaient cet avenant sous 8 jours, un plan social débuterait début 2016, concomitamment à une délocalisation de la production en Slovénie.

Le 15 décembre, la Direction a annoncé que 90% des salariés avaient signé cet avenant. Et d’ajouter sans vergogne que “ce très fort taux d’adhésion démontre toute la volonté et l’engagement des salariés de Smart France en faveur de la compétitivité de leur usine.”

Les médias relaient cette information, témoignages à l’appui. Et parmi ces témoignages, certains salariés soulignent les pressions dont ils ont fait l’objet. Pas la peine de se voiler la face, le deal était clair : tu signes ou tu perds ton boulot…

Faut-il se réjouir de cette annonce ou s’en offusquer ?

On peut se réjouir que l’emploi soit maintenu. Même si la Direction a déjà prévenu que les emplois étaient ainsi garantis jusqu’en 2020 grâce aux économies en vue. Une manière élégante de dire qu’il faudra remettre le couvert en 2020. Il y a fort à parier qu’à cette date, un nouvel avenant sera proposé. 41h payées 37 ?

Personnellement, je m’en offusque.

Parce que que cet événement scelle définitivement la décorrélation entre le temps de travail effectué et le temps de travail payé. On m’objectera qu’on aurait aussi pu baisser le salaire horaire de 5,1% (2 divisé par 39), le résultat aurait été le même.

Mathématiquement, oui. Mais sur le plan des principes, cela aurait été bien préférable. Casser officiellement le lien entre le nombre d’heures travaillées et le nombre d’heures payées, c’est un danger immense, et on peut être sûr que bien d’autres entreprises vont s’engouffrer dans la brèche.

Pourquoi 39h payées 37 ? Et pourquoi pas 39h payées 30 ? ou 39h payées 20 ?

pourquoi pas 39h payées 30 ?

ou 39h payées 20 ?

37 heures payées, 2 heures pas payées.

Voilà qui me fait penser aux promotions qui fleurissent dans les magasins. 3 DVD achetés, le 4ème offert ! Un pantalon acheté, le 2ème à -50% !

Et bien maintenant, avec le travail, c’est pareil. 37 heures achetées, 2 heures offertes !

Bientôt, on verra fleurir des slogans raccolleurs sur les CV des demandeurs d’emploi : 20 heures achetées, 20 heures offertes !

A Hambach, les promotions d’hiver sur le travail ont commencé. Et après Noël, il y a les soldes qui démarrent. La première semaine de soldes, généralement, tout est à -30%. Mais on monte vite à -50%, voire même -60% pour les queues de stock.

-60%, ce sera 37 heures payées 15. Ce jour là, le compte sera bon.

Ce jour-là, sans doute, entendra-t-on le MEDEF et consors, grands défenseurs de l’emploi, fanfaronner sur l’esprit civique de leurs (cons)citoyens : “Ce très fort taux de remise sur le coût du travail démontre toute la volonté et l’engagement des travailleurs Français en faveur de la compétitivité de leur pays.”

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